La laïcité à l'école
L'école publique, en France, est laïque. Qu'entend-on
par laïcité ? Que signifie la laïcité dans l'enseignement et dans la vie
quotidienne au collège ?
1. Un État laïque, une école laïque
L'État, en France, est laïque, c'est-à-dire qu'il
ne privilégie aucune religion (loi de séparation de l’Église et de l’État de
1905). Cela ne veut pas dire qu'il les ignore. Au contraire, il laisse chaque
citoyen libre de pratiquer la religion de son choix ou de n'en avoir aucune
(d'être athée) s'il le désire : c'est ce que l'on appelle la liberté de
conscience. Il y a des limites à la liberté de conscience : l'obéissance à
la loi qui est la même pour tous quelle que soit la religion ; le respect de la
liberté de conscience des autres, c'est-à-dire la tolérance envers les
autres religions et envers ceux qui n'ont pas de religion.
Lorsque la France a créé une école publique, gratuite et
obligatoire (dans les années 1880, par les lois Jules Ferry), elle a retiré à
l'Église catholique le contrôle de l'enseignement : l'école publique est aussi
une école laïque. Cela veut dire que la règle de la laïcité doit y être
respectée. Cela veut dire aussi que l'enseignement qu'on y reçoit doit préparer
à vivre dans une société laïque.
2. Un enseignement laïque
L'Éducation nationale n'assure aucun cours de religion,
sauf dans la région Alsace et dans le département de la Moselle, où l'Église et
l'État ne sont pas séparés. Il en va différemment dans les écoles privées
confessionnelles où ces cours sont souvent obligatoires. En revanche, certains
établissements publics accueillent des aumôneries de différentes religions, qui
se chargent de l'éducation religieuse et où seuls se rendent, en dehors des
heures de cours, les élèves volontaires.
Dans les disciplines enseignées au collège, la laïcité
ne consiste pas à ne jamais parler de religion. Les élèves doivent, en effet,
connaître la diversité des religions pratiquées, et doivent apprendre la
tolérance. Les programmes d'histoire de 6e et de 5e
consacrent maintenant une part importante à l'étude de trois grandes religions
(le judaïsme, le christianisme et l'islam) et de leurs textes fondateurs (la
Bible, le Coran). Bien sûr, il ne s'agit pas d'apprendre ces textes comme des
vérités, mais de s'interroger sur eux : quand ont-ils été écrits ? Quelle est en
eux la part de l'histoire et celle du mythe ? En quoi ont-ils marqué et
marquent-ils encore la vie de ceux qui y croient ? Un enseignement laïque n'est
donc pas un enseignement où la religion est absente, mais un enseignement où
l'on peut parler de toutes les religions en ne s'interdisant aucune question, en
faisant preuve d'esprit critique.
3. Laïcité et règles de vie au collège
L'école publique accueille tous les élèves sans
distinction, et notamment sans distinction de religion. Comme dans la société
française, toutes sortes de religions et d'attitudes religieuses (pratiquants,
croyants, athées, etc.) se côtoient. La mission éducative du collège consiste
aussi à apprendre à ces jeunes d'horizons si divers à vivre ensemble dans un
esprit de respect. Ici encore, la pratique de la laïcité ne consiste pas
à rejeter la religion, mais à lui donner sa juste place : une affaire de liberté
individuelle, limitée par les règles communes et par le respect des
autres.
Ce principe n'est pas toujours simple à appliquer. C'est
ce qu'a montré, depuis la fin des années 1980, la question du port de signes
d'appartenance religieuse par les élèves - essentiellement le foulard ou le
voile pour les jeunes filles musulmanes, même si la question se pose également
pour d'autres religions (croix pour les chrétiens, kippa pour les juifs, etc.).
Depuis la rentrée 2004, la loi fixe une règle simple : seuls les signes
d'appartenance discrets sont tolérés. Ceux qui seraient ostentatoires (destinés
à être vus, remarqués), en revanche, sont interdits. Cela vaut notamment pour le
foulard islamique.
Il y a de nombreux autres exemples d'application au
quotidien du principe de laïcité au collège. Ainsi, lorsque des élèves de
confession musulmane décident de faire le jeûne du ramadan, c'est-à-dire de ne
plus manger que la nuit pendant un mois, alors qu'ils sont demi-pensionnaires et
doivent manger à la cantine, le collège peut les considérer comme externes
pendant un mois. En revanche, l’établissement scolaire ne peut accepter aucune
absence liée au jeûne : la présence en cours est une obligation qui s'impose à
tous les élèves.
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